h1

Chapitre VI, Le grand voyage

Début de l’histoire

Résumé chapitre VI :

Eric part pour un long voyage à la rencontre de la mystérieuse Grande Tsahik. Il ne sait pas qu’il va affronter de terribles épreuves, croiser le redoutable Chevalier Démon et se découvrir lui même.

a) Air Pandora :

La traversée de l’hémisphère nord se fit sans encombres. Trois kilomètres au dessus de moi, se trouvait le GraMaCar de liaison. Il surveillait les alentours et chaque instant pouvait me porter assistance. Les Na’vis que je croisais le regardaient d’un air suspicieux mais ils étaient déjà habitué à voir des engins humains croiser dans le ciel.

Chevauchant mon Ikran, Coco, que je ne maîtrisais pas encore d’une façon excellente, je passais au large du pôle nord. Sylwanin m’avait conseiller de voir cet endroit mais à bonne distance.
C’était un enfer dantesque ! Le sol était chaotique au possible avec des montagnes aux formes extrêmes. Le ciel était lui encombré de blocs flottants de toutes les tailles. Le soleil rasant laissait de vastes zones dans la pénombre. Les vallées étaient remplies de laves en fusion, le sang de Eywa ! Les volcans crachaient différents matériaux et les particules en fusion d’Unobtainium montaient vers le ciel en suivant les lignes de champs gravito-magnétiques. Ainsi se formait d’immenses colonnes jaune-orangées qui s’écoulaient vers le ciel. Le pôle nord concentrait toutes les particules chargées du vent solaire ce qui produisait des aurores boréales vertes et bleus. Ce spectacle monstrueux devait être admiré avec prudence. Le vol était d’ailleurs agités en raison des brutales turbulences que produisaient l’air chaud venant de la lave en fusion.

Voler plusieurs jours d’affilés était fatiguant. C’était un peu comme sur un vélo sans selle mais sans avoir à pédaler. Les pieds reposaient sur une barre en bois fixée en dessous du cou la monture. Elle ne tenait pas très bien car on l’avait bricolé rapidement. Il fallait trouver la bonne position pour éviter les courbatures et ne pas déséquilibrer l’animal.
Je faisais aussi connaissance avec Coco, mon Ikran. Il m’avait raconté sa vie. Apparemment il avait rencontré Toruk et s’en était tiré de justesse. Il était célibataire comme tous les Ikrans domestiqués par le Na’vi. Son lien avec moi allait sérieusement changer ses projets matrimoniaux. On peut comprendre pourquoi il s’était débattu. Mais telle était la volonté de Eywa !

Voler plusieurs jours d’affilés était fatiguant. C’était un peu comme sur un vélo sans selle mais sans avoir à pédaler (Illustration Ubisoft).

Vers la fin de l’après midi, il fallait réfléchir ou passer la nuit. Heureusement mon Ikran savait ou se trouvait les Kelutrals, les villages des Na’vis. Il avait failli me bouffer le bras mais finalement je pense qu’il en valait la peine.
La plupart des Kelutrals étaient des arbres géants. On se posait donc dans la cime non sans avoir signalé sa présence et reçu l’autorisation du guetteur. Sylwanin m’avait fait des peintures qui montrait mon statut de novice. J’avais alors droit à un accueil chaleureux. En fait les clans ou je passais la nuit espéraient aussi que je prenne femme et domicile chez eux. Plus personne ne me considérait comme un démon.
Je participais au repas du soir et je devais compter mes exploits. J’avais beaucoup de succès avec mon histoire extraordinaire. Suivant le conseil de Sylwanin, je ne cachais rien. Enfin presque rien car je mentais par omission en passant sous silence la localisation exacte de mon âme. Il était clair que les Na’vis n’aimaient guère les Tawtutes mais semblaient ravi que j’ai choisi de les rejoindre. Ils ignoraient que dans cinq ans mes implants devraient commencer à être HS et que mon passage chez eux serait alors terminé.
La deuxième nuit je découvris que j’étais dans mon ancien Kelutral, enfin dans celui du corps de mon avatar, Ratlaw. Et je rencontra mon ex-femme Na’vi, Marali. J’étais de nouveau très gêné. Mais apparemment elle avait fait son deuil. Pour elle c’était clair, j’étais un autre et son mari était mort. Pourtant on sentait une pointe de tristesse dans son regard.

La troisième journée je devais franchir l’équateur. Cela posait un double problème.

D’abord en passant dans l’hémisphère sud l’effet d’antigravitation n’agissait plus. Donc le GraMaCar devait être remplacé par d’autres engins. On mis à ma disposition les quatre drones de la base, des avions à hélices sans pilotes, ainsi qu’une base de ravitaillement spécial. Ces machines fonctionnaient au kérosène et ils n’avaient que 10 heures d’autonomie. Il fallait donc établir une rotation. Mon séjour dans l’hémisphère sud ne devait pas dépasser 10 jours car les réserves de carburant de Hellgates seraient alors épuisées. En plus ces engins étaient bruyants et faiblement armé. Tout cela avait été organisé avec précipitation car mon voyage dans cette région n’avait pas été prévu. Il était fort possible que Sylwanin ou Eywa s’en soit douté et que ce soit un test.

On mis à ma disposition les quatre drones de la base, des avions à hélices sans pilotes, ainsi qu’une base de ravitaillement spécial (Illustration DOD).

Ensuite il fallait franchir l’équateur lui même. Ce n’était pas qu’une ligne sur une carte, c’était aussi la zone de convergence gravito-magnétique. A cet endroit la gravité était plus faible et surtout totalement distordue. La verticale devenait parfois quasiment horizontale et on aurait pu marcher sur les murs si la zone n’était pas menacée en permanence par des chutes de pierres. Mais mon Ikran connaissait la région et il négocia habilement ces dangereuses perturbations. J’entrais ensuite dans la grande mer du sud.
Pour la nuit j’arriva à l’île des Ikrans Maktos. Elle ressemblait beaucoup à New Alcatraz, une terre annulaire rocheuse avec un lagon central et une barrière de corail. Le clan qui y habitait était un clan particulier, uniquement composé d’Ikran Makto et de leur famille. Il n’y avait pas d’arbre géant et les habitants vivaient dans des grottes, je devais donc rester prudent et éviter de m’y enfoncer trop. Ce lien radio était une vrai laisse.
Les insulaires étaient réputés pour être les meilleurs chasseurs de la planète. Ils me firent une fête exceptionnelle avec démonstration aérienne et danse de leur plus belles célibataires. Ils voulaient que je reste avec eux car un Na’vi, même un peu bizarre, formé par la très noble Sylwanin, était forcément valeureux. Par politesse, je leur ai dit que je réfléchirai à leur proposition. Pour me montrer leur détermination certains voulaient même attaquer le drone qui bourdonnait loin au dessus de nos têtes. Non leur dis-je, ce ne serait pas une bonne idée.
Mais je me suis montré un peu paresseux et j’ai décidé de passer une journée puis deux de farniente sur cette île aux milles délices. J’ai aussi reçu d’intéressants enseignements au sujet du pilotage des Ikrans et de l’utilisation de l’arc en vol.
Le contrôle râlait à cause du retard et du carburant à économiser. Je les ai envoyé balader. J’avais bien droit à ça après les trois mois éprouvant avec Sylwanin.

b) La colère d’Eywa

Je ne m’étais pas pressé car j’étais à une journée de mon objectif, une grande chaîne de volcans du sud. On m’avait mis en garde contre Toruk car cette mer était son domaine. Il valait mieux voler cacher dans les nuages car en cas de mauvaises rencontres je n’aurais par le refuge de la forêt.

J’avais parcouru le tiers du trajet lorsque le contrôle m’averti de la formation d’une dépression. Dans cette région des tempêtes parfois dévastatrices pouvaient apparaître subitement. On me conseilla bientôt de faire demi-tour mais c’était déjà trop tard. Ce ciel se chargea d’immenses nuages noirs, le vent forcit. Le tonnerre puis la pluie firent leur apparition. En dix minutes je me retrouvais dans un enfer de pluies, de vents et d’éclairs. Mon Ikran et moi étions complètement perdu, les puissants champs électriques déboussolaient nos sens de l’orientation. Il fallait lutter contre des turbulences parfois extrêmement violentes. Un puissant courant ascendant nous propulsa vers le ciel. On arriva au dessus des nuages ou le temps était calme mais c’était bien trop haut pour nous et on repiqua dans la mélasse dès que le courant faibli.
C’est alors que la foudre frappa. J’ai du perdre connaissance un court moment, j’avais lâché prise et je tombais dans le vide. On ne voyais presque rien mais Coco me retrouva et par une manœuvre habile réussi à me reprendre sur son dos. J’avais un mal de tête abominable. Sur mon crane je sentais que j’avais une plaie, peut être l’impact d’un éclair. Je réalisais aussi que le contrôle ne répondait plus :
« Grace, Peter, ou êtes vous ? Je ne vous reçois plus ? »

Pourtant le lien fonctionnait encore sinon que je ne serais plus là. Toutefois je ne sentais plus mon corps humain. La foudre avait du griller certains implants et perturber le lien. De toutes façons l’urgent était de sortir de cette merde !
Pendant deux heures au moins on a lutté contre les éléments. Plusieurs fois on a approché les flots déchaînés. Puis soudain une masse rocheuse est apparue, il s’en est fallu de peu pour qu’on s’y écrase. Au bord de l’épuisement, on a décidé de se poser sur cette terre providentielle.

On s’abrita sous un rocher et on reprit notre souffle. La foudre avait bien frappée. Elle était entrée par ma tête et sortie par mon pied. Des douleurs à l’intérieur de mon corps soulignaient le passage du courant. Le contrôle ne répondait toujours pas. Mais j’étais mal en point, Coco me laissa m’endormir, tandis qu’il montait la garde.

c) Toruk Kelku

Sylwanin et moi on est allé faire des courses au centre commercial. On a emmené Junior avec nous. Il fait beau et en volant on a pu éviter les embouteillages. Bien pratique une voiture volante et en plus elle ne consomme que 7 litres au 100. La galerie est grande mais pourquoi font ils des caddies aussi petits ? On s’arrête devant le rayon flèches et poisons. Les flèches de la marque Eywa sont épuisées. Tant pis il faudra revenir plus tard. Soudain un vigile nous interpelle :

– Il est interdit d’entrer avec des animaux.

– Ce n’est qu’un petit Ikran monsieur l’agent, il tient sur mon épaule.

– Je ne parle pas du volatil mais du Palulukan, il est en train de dévorer le rayon pâté pour Thanator. Je vais être obligé de faire feu sans sommation !

– Non ne tirez pas !

Je me réveilla en sursaut. Quel rêve stupide ! Je n’étais pas à Hellgates mais toujours sous ce rocher en compagnie de Coco. C’était le matin, il faisait jour et beau. J’avais moins mal mais je sentais les blessures de la foudre. Par contre le contrôle ne répondait toujours pas. La végétation était dense et j’essayais malgré tout de distinguer le drone le liaison. Rien, même pas son petit bruit caractéristique. C’était incompréhensible, j’avais l’impression que la liaison avait été coupée et que malgré tout ma conscience était restée dans mon avatar. Mais c’était impossible ! On me jouait un tour ?!
Qu’importe, je percevais de nouveau la direction à suivre. Il ne fallait pas moisir ici. Un petit repas et on quittait cet endroit.

Cette terre était incroyablement escarpée, sans la moindre petite plaine. Et pas beaucoup de proie en vue. Dans une paroi j’ai découvert une petite cavité et au fond un odeur de charogne. Ce serait bon pour Coco ça ! A oui il ne fallait pas que je pénètre dans une grotte. Normalement lorsque le signal de lien faiblissait je recevais une alerte. Et bien si cela fonctionnait, ce serait une preuve définitive. Je m’enfonça dans l’obscurité et il ne se passa rien. Le lien aurait du être coupé par la masse rocheuse, or j’étais toujours conscient. Mais qu’est ce qu’on m’avait fait !
Finalement je vis de la lumière au fond de ce tunnel. Il y avait des ossements vers la sortie mais plus en avant je vis trois rochers oblongues jaune marbrés de bleu. Je réalisa bien vite que c’était de gros œufs. Vu leur taille, les parents devaient être costaux. Mais ils ne pourraient sans doute pas passer par le fond du tunnel. Donc je pris un de ces apetissant œufs de plus d’un mètre de hauteur et je rentra rapidement sous le rocher ou m’attendait Coco.

Je réalisa bien vite que c’était de gros œufs. Vu leur taille, les parents devaient être costaux.

Que la coquille était dure ! Mon Ikran a du utiliser son bec pour la poinçonner. Mais une fois ouvert, on a fait un festin ! Cet œuf était un décile. Il avait un goût curieux et à partir d’un moment j’ai senti comme une sorte de fièvre envahir mon corps. Ce n’était pas douloureux, au contraire c’était excitant. Mais était il empoisonné ?! Pourtant Sylwanin ne m’avait jamais mis en garde contre ce type de nourriture. Et Coco n’avait pas l’air gêné non plus. On a donc fini notre repas.

Maintenant il fallait trouver une aire de départ. Je monta sur les rochers pour localiser une zone dégagée pour que ma monture puisse s’envoler sans difficultés. A ma grande stupeur Toruk déboucha de derrière la montagne. On s’était vu en même temps et j’eu à peine le temps de descendre sous le couvert des arbres. Le seigneur de Pandora lâcha un cri effrayant, furieux de m’avoir loupé. Il continua à tourner autour de moi puis un second Toruk arriva et un troisième ! Alors l’un d’eux se posa et commença à attaquer les arbres pour atteindre le creux ou je me terrais avec Coco.
Il fallait fuir ! On sortit donc de notre refuge précaire et on trouva à proximité une faille profonde et étroite ou aucun de ces monstres ne pourrait nous atteindre. Mais la situation était toujours délicate. Pour avoir une vue d’ensemble je monta en haut de la faille. Apparemment j’étais sur une île ressemblant à une montagne abrupte plantée au milieu de la mer. Il y avait plusieurs Toruk. J’étais tombé dans son repaire légendaire que m’avais décrit Sylwanin, Toruk Kelku. Quitter cet endroit comme je pensais au départ, sur le dos de mon Ikran, était impossible. On aurait été trop lent et Toruk nous aurait rattrapé et dévoré. Il fallait trouver une autre solution.

d) Vrrtep Makto

Je redescendais vers le bas de la faille lorsqu’un étrange personnage m’apparu. En un instant je réalisais de qui il s’agissait, Vrrtep Makto, le Chevalier Démon ! C’était un Na’vi mâle de belle taille mais sa peau était blanche et ses yeux rouge-orange. Sylwanin m’avait parlé de lui, c’était un personnage quasi légendaire. Il était né il y a de ça bien longtemps. Sa couleur avait effrayé les membres de son clan et ses parents l’avaient abandonnés dans la forêt. Aucune bête n’osa le toucher et il fut recueilli par un Na’vi solitaire et sauvage. Il l’éleva et en fit un grand chasseur. Devenu adulte et après la mort de son précepteur, il fit tout pour se faire admettre chez les Na’vis. Il devint même Toruk Makto. Mais rien n’y fit et il fut sans cesse chassé. Depuis il vivait et volait avec Toruk. Plein de haine il attaquait et tuait tous les Na’vis qu’il croisait. Ses victimes se comptaient par milliers. Il était le Chevalier Démon, le Démon Blanc ou la Mort Blanche. Ses lignes lumineuses ventrales confirmaient son histoire : une longue vie mais dépourvue de compagne et d’enfants.
Son visage sévère et menaçant me regardait. J’aurais du prendre au sérieux toutes les légendes de Pandora. Ah si seulement j’avais emporté un fusil d’assaut !

En un instant je réalisais de qui il s’agissait, Vrrtep Makto, le Chevalier Démon ! (Illustration Majime)

Il s’avança lentement vers moi, impassible :

– Tu n’es pas un Na’vi comme les autres !

– C’est une chose que nous avons en commun lui répondis je.

– Tu te permets de venir ici, tu te caches comme un rat et en plus tu manges un enfant de Toruk. Tu ne me mérites pas une mort noble. Je vais t’attacher sur un rocher et chaque jour Toruk viendra te broyer un de tes membres jusqu’à ce que tu meurs.

Il était terrifiant, sa voix grave et lente s’ajoutant à ses propos. Si j’essayais de l’affronter, j’aurais sûrement le dessous. Il fallait trouver une astuce.

– Toruk Makto, laisses moi te compter mon histoire et après tu feras ce que tu voudras.

Le fait que je l’appelle Toruk Makto, un terme prestigieux, le surpris. C’était sans doute la première fois qu’on l’appelait comme ça. Il m’autorisa à lui parler. Je lui compta mon histoire avec tous les détails. J’évitais d’être trop précis sur Sylwanin de peur qu’il la poursuive elle aussi. Les Tawtutes n’étaient pas sa préoccupation, son obsession était de terroriser les Na’vis. Mais il semblait toujours espérer qu’un jour, il soit accepté par eux. Il était aussi impressionné par mon transfert mental dont les photophores sur mon ventre était la preuve. Je lui expliqua que les humains avaient de grands pouvoirs et pourraient sans doute résoudre son problème de peau. J’ai alors tapé dans le mille !

– Ils peuvent faire cela ?

– Ce ne sera pas immédiat, c’est compliqué, mais des Tawtutes ont déjà changé de couleur de peau. Mais pour cela il faut que je rentre chez eux.

– Je ne peux pas t’aider, Toruk ne l’admettrai pas…

Il resta silencieux un moment puis dit :

– Tu aimes la vie ?

– Euh… La vie de Na’vi ?

– Oui

– Et bien c’est assez plaisant mais…

Aussitôt il me bouscula, sorti son poignard, me défia et m’attaqua ! Il m’avait tout juste laisser le temps de réagir et je pu parer le coup. Je n’ai pas compris pourquoi il m’attaquait mais il fallait défendre ma vie, car il semblait bien que c’était la mienne désormais. Mais je me sentais étrangement vif et fort. Je pu éviter tous ces assauts sans chercher réellement à le toucher.
Puis tout d’un coup il cessa de se battre.

– Tu te bats bien, tu aimes la vie ! La chair de Toruk t’as donné sa force. Je te retrouverai le moment venu pour que tu me fasses rencontrer les Tawtutes. N’oublies pas c’est l’amour de la vie qui te gardera en vie.

Et il parti en sautant à travers les rochers. Curieux personnage !
Maintenant il fallait quitter les lieux et rapidement.

e) Exfiltration

J’explorais les différentes options.
Attendre une aide des Na’vis était vaine, aucun ne serait assez fou pour venir ici. Les humains viendraient peut être mais apparemment ils avaient perdu ma trace. De plus ils n’avaient aucun engin sûr pour venir dans l’hémisphère sud.
Il ne fallait compter que sur moi. M’envoler avec Coco de jour ou de nuit était très risqué car je serais vite repéré et rattrapé. Partir à la nage était une option inenvisageable. Le mieux était qu’une nouvelle tempête arrive. Ou alors je domptais Toruk.
Finalement je découvris une plante réputée pour sa résine assez facilement inflammable. Cela me donna une idée. Dans ce qui restait de la journée je collecta d’importante quantité de cette résine dans des sortes de calebasses. Il fallait faire attention à ne pas se faire repérer par Toruk. Puis je réunis du petit bois et je le fis brûler juste assez pour qu’il se vide de son eau.
Le lendemain j’allais enduire mes flèches d’un poison végétal qui sans être mortel déclenchait de très fortes douleurs. Ensuite j’enduisais plusieurs arbres de résine et disposais le petit bois séché au pied. Les lieux choisi étaient juste en dessous de deux nids de Toruk.
Je demandais pardon à Eywa pour ce que j’allais faire. En même temps, c’est elle qui m’avait mis dans cette situation difficile. Et feu ! J’allumais plusieurs foyers simultanément. Depuis le passage de la tempête, le vent du large et le soleil avait fait sécher la végétation qui pris feu sans difficultés. L’incendie se propagea au delà de mes espérances. Les Toruks de l’île étaient affolés tandis qu’une épaisse fumée envahissait le paysage.
Il était temps de profiter du couvert de cette fumée pour partir. Coco donna le meilleur de lui pour bondir et s’éloigner le plus vite possible. On volait au raz des flots, juste sous le nuage suffocant. Notre fuite semblait être passée totalement inaperçue lorsqu’à cinq kilomètres environ Toruk se présenta face à nous. Il était seul mais chargea immédiatement. On était lancé dans un face à face à pleine vitesse. Je décocha une flèche et Coco vira immédiatement sur la droite. Toruk pris la flèche dans l’aile gauche, elle lui infligea une vive douleur alors qu’il virait pour nous rejoindre. Il perdit l’équilibre et s’écrasa dans l’eau soulevant une immense gerbe.

Notre fuite semblait être passée totalement inaperçue lorsqu’à cinq kilomètres environ Toruk se présenta face à nous (Illustration Zowolf).

Mais nos ennuis n’étaient pas fini. Un second Toruk qui volait au dessus du nuage de fumée et venait de l’île plongea vers nous. Mais mon Ikran en zigzagant comme un alcoolique fit échouer son attaque. Il était maintenant derrière et se rapprochait. Allongé sur le ventre et la tête vers la queue de ma monture, je lui tirais une première flèche qu’il évita. J’effectua un second tir mais avec deux flèches légèrement décalées. Cette fois l’une d’elle se planta dans le cou de l’animal qui tordu de douleur du se poser sur l’eau. Le temps qu’il reprenne son vol, je serais loin.
On monta rapidement dans le ciel pour se dissimuler dans la couche nuageuse. D’autres Toruk s’étaient lancés à nos trousses mais c’était trop tard pour eux. A l’abri dans les nuages ils ne pourraient plus nous trouver.

f) La Grande Tsahik

La nuit commençait à tomber lorsqu’on arriva en vue de la grande chaîne de volcans qu’on m’avait indiquée. Plusieurs grands cônes s’alignaient les uns après les autres sur une dizaine de kilomètres. Un certain nombre vomissaient une lave liquide qui s’écoulait vers la mer.

Je me demandais ou j’allais passer la nuit. Pas de Kelutral en vue, encore dans un nouvel enfer ?

Je remarquais qu’une rivière de lave entouraient à un endroit un vaste terrain qui formait en quelques sortes une île. Les arbres qui y poussaient indiquaient une température supportable. Un bon endroit pour passer la nuit, au moins à l’abri de tous prédateurs terrestres. Je me posa au milieu de cet endroit étrange non sans avoir subit de fortes turbulences.
Après une rapide inspection des lieux on décida de s’endormir. Cette fois c’est moi qui montait la garde, Coco ayant fourni le plus gros effort.

J’ai profité de ce moment de calme pour faire le point. La foret luisait de sa bioluminescence et la lave et les volcans éclairaient l’arrière plan d’une lueur orangée. Je regardais mon corps. Sur mon ventre de nouveaux photophores étaient apparu, signe de mes exploits des jours précédents. Alors comme ça j’étais un Na’vi maintenant. Cela changeait mes plans. Oubliée la villa en bord de mer, j’allais m’accoupler avec Sylwanin, choisir un clan et avoir des enfants avec elle. Ensuite on irait chasser dans la forêt et affronter de nouveaux dangers jusqu’à ce que la mort nous rattrape. Mais il y avait les Tawtutes. Ils étaient toujours là et je ne pouvais les ignorer. J’aurais voulu oublier ma mission initial mais je restais le mieux placé pour la mener à bien. C’était difficile d’échapper à cette responsabilité car mon propre avenir de Na’vi pouvait être en cause.
Je n’avais pas remarqué immédiatement que des Selves s’accumulaient autour de moi. Ces sortes de méduses volantes étaient très lumineuses. Sylwanin m’avait dit que c’était des graines d’un arbre sacré. Lequel ? Je n’ai jamais su.
Puis je remarqua que d’autres groupes se formaient à distance régulière et formaient une sorte de chemin qui s’enfonçait dans le bois qui couvrait l’île. Etait ce une invitation amicale ? Ou alors un piège à cons ? Les Selves étaient sacrées, elles ne pouvaient être malveillantes. Je décida de suivre ce chemin.

Rapidement j’entendis un chant, une voix très douce et calme. Une grande lumière violette traversait la végétation. Bientôt je fus face à un arbre comme celui que j’avais vu dans la grotte à New Alcatraz. Mais ce saule était beaucoup plus grand. Le spectacle de ce majestueux végétal aux feuilles de lumières procurait une grande sérénité. Tout était calme ici. Ce lieu devait être particulièrement important et c’était encore un bon exemple des surprises magiques que réservaient cette planète. Je remarqua finalement qu’au pied de l’arbre se tenait une Na’vi qui me tournait le dos.

Ce lieu devait être particulièrement important et c’était encore un bon exemple des surprises magiques que réservaient cette planète.

– Celui qu’on appelle Eric, viens me rejoindre. Je t’attendais.

Ce devait être la Grand Tsahik. Effectivement si elle avait l’air jeune, ses lignes ventrales indiquaient une vie incroyablement longue. Peut être des centaines voir des milliers d’années, il y avait trop de photophores à compter. Je m’assis à coté d’elle comme elle me l’indiqua.

– On s’est déjà rencontré lui demandais je ?

– Indirectement. Tous ce que sait Eywa, je le sais. Tous ce que je sais, Eywa le sait. Tu as été libéré de ta laisse et tu es avec nous désormais.

– Comment est possible ? Qu’est ce qu’on m’a fait ? J’attendais une réponse.

– Ton esprit Tawtute a fini par imprégner totalement ton corps Na’vi. Voilà ce qui s’est passé.

J’aurais bien aimer entendre une explication plus détaillée mais je n’étais pas sûr que l’aurais comprise.

– Grande Tsahik, vous attendez quelques choses de moi ?

– Eywa a peur. L’avenir est flou. Eywa veut savoir.

– Les Tawtutes m’ont envoyés ici pour justement mettre un terme à cette mésentente.

Elle pris un air sceptique. Puis on se leva vers les feuilles du saule. Elles brillaient comme des néons. La Tsahik connecta l’extrémité de sa natte à l’une des branches de l’arbre et m’invita à faire de même. Curieuses sensations. J’entendais des voix, je voyais des images mais tout cela était peu cohérent.

– Ces arbres sont des arbres aux voix. Chaque plante, chaque animal, chaque Na’vi, qui a un jour réalisé un lien avec un de ces arbres y a laissé son empreinte. Eywa c’est cet arbre mais aussi tous les arbres et toutes les créatures de notre monde. Il faut du temps et de l’expérience pour entrer en contact étroit avec Eywa et interpréter correctement sa volonté profonde. Maintenant tu dois me laisser voir en toi.

Elle voulait faire le Tsahaylu, le lien, avec moi. J’étais plutôt réticent.

– Ne t’inquiètes pas je ne vais pas voler ton cœur à Sylwanin.

– Ce qu’il y a dans ma tête va peut être… vous choquer.

– Justement c’est ce que je veux voir.

Les Na’vis ne mentaient jamais, mais mon esprit humain était toujours méfiant. De plus dévoiler à une inconnue mes pensées intimes, loin d’être toutes reluisantes, m’inquiétait. Elle me donna un étrange breuvage qu’elle a bu aussi. On s’assit face à face et on attendit quelques temps. J’ai eu rapidement la tête qui tourne. Elle pris alors ma natte et la connecta à la sienne et on ferma les yeux. Il n’y avait aucune sensation particulière, j’étais comme anesthésié.
La Tsahik plongea dans mon esprit comme on pénètre dans une bibliothèque. Je la sentais prendre chacun des livres de ma vie. Elle les ouvrait et regardait le moindre détail. Je revoyais des souvenirs que je pensais avoir oublié. Je revoyais des scènes, des gens, des paysages, des émotions, des voix au fur et à mesure qu’elle lisait en moi.

– Les humains sont tourmentés, jamais satisfaits, ils ont peur de la mort, ils ne sont sûr de rien et sont totalement aveugles. Telles furent ses conclusions.

Après un temps que je ne saurais évaluer elle rompit le lien et on s’endormit au pied du saule. Mon sommeil fut plein de rêves chaotiques.
Le lendemain je me réveillais. La matinée était déjà bien avancée. La Grande Tsahik n’était pas loin et m’adressa un « Kaltxi ».

– Alors qu’avez vous vu en moi ?

– La fin de notre monde hélas.

– Comment, quoi ?

Je venais à peine d’entrer dans ce monde et elle me disait qu’il était déjà sur sa fin.

– Le monde des Tawtute va nous dévorer. C’est dans votre nature, c’est comme ça.

– Comment pouvez vous être aussi pessimiste ! Vous verrez les humains ne sont pas si mauvais que ça. On fera un traité, les gens vous aimeront et vous laisseront en paix. Vous nous connaissez mal !

– C’est vous qui vous connaissez mal. Chez vous, de la plus infime créature à la plus grande, qu’elle soit de chair ou de métal, le fort finit toujours par détruire le faible. Et nous sommes faibles.

– Il existe forcément une solution.

– Si il y en a une, c’est sans doute entre tes mains qu’elle se trouve. Eywa puisse te donner la force.

Qu’est ce que j’avais fait pour mériter ça ! Je ne pourrais jamais être tranquille. Etre un héros c’était vraiment pas mon truc.

– Tu dois repartir maintenant. Sylwanin a pénétré un secret Tawtute et elle est tombée entre leur mains. Elle est en vie mais toi seul peut la sauver.

Mon sang ne fit qu’un tour. Je sentais la colère monter en moi.

– Sois prudent celui qu’on appelle Eric. La durée du voyage te donnera le temps de réfléchir.

Dans l’heure, le temps de ravitailler Coco et de me caler l’estomac, je quittais la Grande Tsahik et son île cernée de feu. Je n’avais plus qu’une chose en tête, sauver Sylwanin.

Suite…

Laisser un commentaire